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L’idée de ségréguer le trafic routier et piétonnier émerge autour des années 1930. La construction de Radburn (1929) dont le slogan était «a town for motor age» ainsi que la parution de « La charte d’Athènes » (1933) amorce une transition idéologique dans la manière de considérer la rue (Hamilton-Baillie, 2008). Déjà à cette époque, de grandes villes, comme Londres et Paris, commencent à éprouver certains problèmes dus à un parc automobile toujours grandissant. Les conflits entre automobilistes et piétons ainsi qu’un manque d’espace, créant le chaos dans les cités anciennes, poussent les autorités locales à intervenir et repenser la rue afin de maximiser les conditions de déplacement des voitures et la sécurité de ses usagers. Pour ce faire, ces derniers se tournent vers des concepts émergeant du domaine du « traffic engineering » délaissant par le fait même celles véhiculées par les architectes. Ceci créera une fracture par rapport à la conception de la rue. Dorénavant, la rue ne sera plus pensée comme un espace public, mais bien comme un espace dédié uniquement à la mobilité.

HISTORIQUE DES RÈGLES ROUTIÈRES

À cet égard, le rapport « Traffic in Towns » de Sir Colin Buchanan est un ouvrage clé (Hamilton-Baillie & Jones, 2005). Concluant d’une incompatibilité entre l’automobile et les piétons, l’auteur suggère une ségrégation complète entre l’espace dédié à l’automobile et celui des activités piétonnes. Buchanan imagine ainsi une ségrégation multi-niveaux où les rues sont réservées à l’automobile, et les piétons se déplacent dans un réseau de places publiques surélevées. Les idées mises de l’avant dans son rapport seront reprises par les autorités de plusieurs pays, prenant différentes formes telles que des passerelles piétonnes et des réseaux routiers réservés à la voiture.

Depuis, le concept de ségrégation proposé par Sir Colin Buchanan est devenu la norme dans de nombreux ouvrages d'ingénierie. Bien que l’idée ait grandement cheminé et que les outils soient maintenant plus nombreux, l’idée de réduire au maximum les interactions entre automobilistes et piétons est toujours bien présente dans ces guides.

Pour les tenants de cette théorie, l’objectif est de rendre la rue la plus prévisible afin que celle-ci permette une mobilité toujours plus grande tout en maximisant sa sécurité. À cet effet, la signalisation et la réglementation sont les moyens privilégiés.

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